Du père manquant au fils comblé ou
les repères de Carl, héros sériel de Gilles Gauthier
Flore Gervais
Faculté des sciences de l’éducation
Université de Montréal
Flore.gervais@umontreal.ca
Résumé
À l’instar de ces auteurs de l’autre siècle, c’est-à-dire d’un Hector Malot,
d’une Comtesse de Ségur, ou d’un Jules Renard, Gilles Gauthier, auteur
québécois pour la jeunesse, choisit de renverser la tendance actuelle de ses
contemporains qu’est celle de laisser à l’enfant une part de ses illusions
ou tout simplement une part de la magie de cette période de la vie
qu’est l’enfance. Nous montrerons, comment, dans sa double série intitulée
« Babouche » et « Chausson », cet écrivain réussit, tout en faisant se
confronter son jeune héros à l’ambivalence de repères fondamentaux tels
les lieux et les différentes figures paternelles, à conduire ce dernier vers un
épanouissement de soi et vers une ouverture aux autres.
À la lumière du célèbre ouvrage de Guy Corneau, Père manquant, fils manqué
(1989), l’œuvre de Gauthier révèle toute l’ambivalence et tout le paradoxe
du repère que représente la figure paternelle dans le développement du jeune
garçon. En effet, ce sera sur cette image du père que Gauthier construira sa
série de romans dont la première partie s’intitule « Babouche » et la seconde
« Chausson », du nom de la vieille chienne et du chiot qui accompagneront de
manière déterminante le héros tout au cours de l’année que durera leur mise en
scène.
Après un résumé des événements qui constituent la trame de ces deux séquences,
nous décrirons les repères (Klock, 1974) que l’auteur a choisi de donner à son
jeune héros pour l’aider à se retrouver tout au cours de son cheminement vers
l’altérité.
La trame de l’histoire
L’histoire de Carl s’échelonne sur une série de huit romans regroupés en deux séquences
de quatre ouvrages chacune. La première comporte les titres suivants :