vouloir, du savoir et du pouvoir ; 3) mentor et roman de formation. En effet, afin de
montrer leur passage d’anti-héros à héros, nous comparerons, dans un premier
temps, leur « fiche signalétique » de départ. Puis, nous utiliserons les modalités
greimassiennes du vouloir, du savoir et du pouvoir pour tenter de rendre compte de la
transformation des deux personnages étudiés. Ensuite encore, nous décrirons leurs
relations avec leurs mentors respectifs dans ces romans de formation, romans
conjugués, pour l’un, avec un roman policier noir et, pour l’autre, avec un roman
sentimental. Enfin, nous aborderons brièvement la fonction didactique de ces deux
romans.
Cadre théorique
Étiquette sémantique : c’est la fiche signalétique, le résultat du repérage et du
classement des traits distinctifs de chaque personnage (y compris le héros) par
rapport à d’autres, dans le roman ou dans un autre roman (Hamon (1977,
p. 133). Les qualifications de cet « être de papier » peuvent être classées selon
certains axes pertinents : sexe, origine géographique, beauté, richesse, force
physique, âge, idéologie, etc. Mais de quelles actions le personnage sujet est-il le
support?
Le schéma narratif de Greimas (1979) comprend quatre parties : 1) la manipulation,
qui désigne la proposition de contrat par le destinateur, puis l’acceptation de la
proposition par le personnage principal sujet, c’est-à-dire l’acquisition du vouloir
(p. 220) ; 2) la compétence, qui comporte deux volets, l’acquisition du savoir et du
pouvoir, qui vont permettre la réussite de la performance (p. 271) ; 3)la performance
proprement dite, qui correspond à la tâche d’exécution du contrat (p. 246) ; enfin, 4) la
sanction, qui consiste en la reconnaissance du sujet, et entraîne sa rétribution
symbolique ou non.
Le mentor : comme on le sait, « Mentor » est le nom d’un sage vieillard, personnage
de L’Odyssée d’Homère, à qui Ulysse confie son fils Télémaque pour qu’il le soutienne,
le guide et l’instruise. Par extension, le terme de mentor désigne le rôle joué par un
individu expérimenté à l’égard d’un autre qu’il motivera et formera à relever des défis
(Torrance, 1984). Une étude de Van Rossum-Guyon sur Balzac (2002) met en relief le
personnage de Vautrin, comme anti-mentor : révolté, anarchiste, Vautrin est contre les
valeurs sociales et ne peut qu’empêcher Rastignac de s’intégrer dans la société. À
l’opposé, par une relation quasi pédagogique avec son protégé, comme modèle et
transmetteur de valeurs, le mentor prend tout naturellement place dans le roman
de formation . Dans ce genre de récit, le héros doit trouver sa voie, évoluer
psychologiquement et moralement, s’intégrer dans son milieu pour le comprendre
mieux et ne pas être dominé ou écrasé par lui. La notion de choix y est d’une
importance centrale (Jost, 1974, p. 149) et il importe que le mentor montre les bons
choix.
Deux « héros » adolescents
Daniel Boissonneau, le héros de Retrouver Jade et Gaël Saint-Amant, celui du roman Le
secret de l’hippocampe, ont en commun d’être québécois « de souche », d’avoir 15 ou 16
ans, d’être beaux et bien faits de leur personne, intelligents et