Le héros dans le récit de voyage
Suzanne Pouliot
Faculté d’éducation, Université de Sherbrooke
Suzanne.pouliot@Usherbrooke.ca
Résumé
Cet article comprend trois parties inégales. La première section résume
les différentes fonctions attribuées au héros de l’Antiquité grecque à nos
jours, en partant du chef de guerre fort et courageux, au héros mystique
jusqu’au héros et à l’antihéros du roman contemporain, en passant par
le héros romantique qui n’accomplit rien de merveilleux. La deuxième
partie décrit et illustre le récit de voyage en littérature de jeunesse, selon
trois périodes, vécues au Québec : didactique, hagiographique et moderne.
Finalement, la dernière partir analyse deux récits de voyage : Lettre de
Chine (1997) de Guy Dessureault, et Bibitsa ou l’étrange voyage du chien
de Clara Vic (1991) de Christiane Duchesne. Dans ces deux romans, deux
personnages féminins (Catherine et Clara Vic) jouent le rôle attribué aux
héroïnes contemporaines. Ces cas de figure mettent en lumière les nouvelles
dimensions qui caractérisent les personnages héros dans les récits de voyage
de littérature pour la jeunesse et soulignent les mutations subies par ce
type de personnage, au Québec. Ce bref tour d’horizon s’attarde autant
aux transformations vécues par le personnage héros in se que celui que l’on
retrouve dans les récits de voyage destinés à un jeune lectorat.
Dans Le Nul et la chipie de François Barcelo, paru chez Soulières éditeur, en 2004, on
peut lire les deux citations suivantes :
C’est un super nageur, ton grand-père. En plus, il plonge comme un
champion. Et il t’a empêché de te noyer. Un vrai héros. Surtout à son âge
(p. 54).
Six pages plus loin, on retrouve ceci :
Aurait-elle fait la même chose pour n’importe quel piéton? J’en suis
convaincu. Quand on a l’étoffe des héros, on est prêt à sauver même les plus
parfaits étrangers. Il n’en demeure pas moins que c’est pour moi qu’elle l’a
fait (p. 60).