inspirations et ses expirations, correspondent, dans une perspective
diachronique, à ce qu’on pourrait appeler des moments d’
activation et de
désactivation
thématique.
Dans la production de date très récente, on compte nombre de nouvelles activations
thématiques. Parmi ces nouveaux leitmotive, celui du clonage humain – supporté par le
développement fulgurant et continu de la biotechnologie depuis la naissance de la brebis
Dolly, en 1996 – fait bonne figure. Or, force est de constater que l’activation thématique
du clonage en LJ se traduit par l’apparition de nouveaux types de personnages : les
héros génétiquement manipulés (HGM). Avant de nous pencher plus avant sur cette
nouvelle catégorie de personnages génériques et d’en esquisser une première typologie, il
nous apparaît opportun de jeter un regard d’ensemble sur les œuvres qui les mettent en
scène.
1. Délocalisation thématique et délocalisation générique : l’effet de quasi-réel
Si les univers contraints des œuvres romanesques pour la jeunesse des années 1980 –
ceux des romans miroir et des romans socio-réalistes – avaient tendance à dessiner un
monde aux limites spatiotemporelles connues et vécues par les lecteurs, les débats
qu’engendrent les problèmes d’ordre planétaire sur des questions qui vont de la
protection de l’environnement à l’évolution des moyens de reproduction de l’espèce
humaine forcent l’ouverture des mondes fictifs et obligent à une vue nettement plus
panoramique que celle privilégiée par les œuvres produites au cours des vingt-cinq
dernières années.
En ce qui a trait aux effets qu’entraîne l’apparition de nouveaux thèmes en LJ, le
clonage occupe une position singulière et son importance se mesure à deux effets
particuliers. Le premier ressortit au fait qu’il favorise une délocalisation thématique.
Ainsi, les espaces au sein desquels la thématique du clonage est mise en scène ne sont
plus nécessairement rattachés au territoire connu du lecteur comme l’étaient celles liées
aux problèmes d’une gravité certaine associés au monde des adolescents dans un espace
socioculturel donné (anorexie, drogue, inceste, etc.). Dans un deuxième temps,
l’activation thématique du clonage marque l’avènement d’un nouveau type de
personnages en LJ que je désignerai comme personnages quasi-réalistes. À ce titre, les
HGM – héros génétiquement manipulés – constituent la branche fondatrice de leur
arbre généalogique.
Ce n’est pas sans raison que j’utilise l’appellation « quasi-réaliste » :
le paratexte éditorial m’y enjoint. Parus, sauf pour l’un d’entre
eux, entre 1996 (l’année de la naissance de Dolly) et 2005, les sept
romans1
Voir la liste des titres en bibliographie.
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qui fondent ma réflexion ont été sélectionnés du fait qu’ils mettent tous en scène un
personnage principal génétiquement manipulé : un clone. Fait intéressant, à l’exception
de
Jonas 7 : clone, aucun d’entre eux n’a été publié sous l’étiquette éditoriale
à laquelle la littérature du XXe siècle nous a habitués dans de tels cas : la
science-fiction
2
Publié en 2005 par Gallimard, Duplix Jonas (édition originale allemande : Georg Bitter
Verlag, 1992) de Bridgit Rabisch trouve place, en traduction française, sous la rubrique
« science-fiction ». Le fait n’est pas étonnant. Cet ouvrage est le seul qui ait été publié avant la
naissance de Dolly, ce qui explique son positionnement générique. Cela dit, la critique
allemande récente le range dans la catégorie « Eye Opener ». Dans la même perspective, il
faut noter que Cloning Miranda (1999) et The Second Clone (2001) de Carole Matas
apparaissent, sur le site de l’auteure (www.carolmatas.com), sous la rubrique « Fiction of
Today ».
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Cette évacuation