L’héroïne hypermoderne et la fin des stéréotypes :
la série romanesque « Étamine » d’Anne Legault
Lucie Guillemette
Université du Québec à Trois-Rivières, Trois-Rivières (Québec)
Lucie.Guillemette@uqtr.ca
Résumé
Dans cet article, l’auteure se propose d’examiner une trilogie destinée à un
jeune lectorat. Il s’agit plus précisément des courts romans d’Anne Legault
dont une jeune narratrice relate les aventures de la singulière Étamine Léger.
Le propos vise à montrer que ces textes mettent en lumière le parcours
identitaire de jeunes sujets féminins dont les actions et les discours sont
étayés des traits de l’hypermodernité (Lipovetsky et Charles, 2004). Au
moyen de cet appareil de lecture, l’auteure de l’article tente de cerner les
caractéristiques des jeunes héroïnes qui tentent d’abolir les stéréotypes,
autant ceux issus du patriarcat que ceux dérivés des mouvements de
libération des femmes. À la lumière de l’analyse, il convient de s’interroger,
d’une part, quant aux représentations de fillettes qui valorisent la solidarité
dans la différence et d’identifier les modèles vers lesquels ces représentations
convergent, d’autre part.
Nombreux sont les romans québécois pour la jeunesse, parus depuis le début
des années 1990, qui articulent des discours féministes ayant une incidence
de premier plan sur la caractérisation des personnages et la signification des
récits. Que l’on songe à la jeune Annette qui prône la désobéissance afin de
transformer son jeune frère en insoumis dans la trilogie d’Élise Turcotte (1999).
Pensons encore à la Sophie de Louise Leblanc qui défie l’autorité parentale
afin de naviguer sur Internet et d’échanger avec des inconnus (2003). Certains
critiques parlent d’un nouveau stéréotype féminin s’opposant aux représentations
des fillettes douces et soumises, héritées d’une époque où l’on encensait les
« petites filles modèles ». Selon Françoise Lepage, l’idéologie féministe a engendré
de profonds bouleversements dans la figuration des jeunes héroïnes au sein
de la production des romans destinés aux lecteurs âgés de moins de douze
ans :