- 30 -Gervais, Flore; Noël-Gaudreault, Monique: Littérature de jeunesse et espaces identitaires 
  Erste Seite (i) Vorherige Seite (29)Nächste Seite (31) Letzte Seite (91)      Suchen  Nur aktuelle Seite durchsuchen Gesamtes Dokument durchsuchen     Aktuelle Seite drucken Hilfe 

1. D’Ali Baba à Marie-Baba

Comme en fait état le paratexte, l’album Marie-Baba et les 40 rameurs entame un dialogue avec le conte Ali Baba et les quarante voleurs. En vertu de la simple similitude phonétique des deux titres, un horizon d’attente est créé, suggérant qu’un parallélisme avec le conte arabe soit dressé dans l’album. Sa lecture révèle, en effet, certaines parentés intertextuelles. Mais elle montre également quelques glissements ou modifications. Comme l’indique d’emblée le paratexte, le nom de l’héroïne, Marie-Baba, est calqué sur celui d’Ali Baba, ce qui suppose que la personnalité de celle-ci et les péripéties qu’elle vivra seront dignes d’être immortalisées dans un conte. Outre l’onomastique, un glissement important s’opère d’un titre à l’autre : dans l’album de Tremblay, il n’est plus question de quarante voleurs mais plutôt de quarante rameurs, ce qui signifie que l’histoire se déroulera en grande partie sur un bateau.

Mis à part le renvoi intertextuel, le titre de cet album pique la curiosité. D’abord, le nom de l’héroïne, « Marie-Baba », sort de l’ordinaire et donne à penser que celle qui le porte sera tout aussi originale. Puis, le titre provoque un rapprochement inusité. Qu’est-ce qu’une fillette peut bien avoir à faire avec quarante rameurs? Le titre renvoie directement au personnage principal de l’album ainsi qu’à l’élément central de l’histoire, la chasse au trésor en compagnie des quarante rameurs. Cette chasse au trésor étant le lieu où s’exprime avec brio la nature courageuse, active et astucieuse de Marie-Baba, on peut émettre l’hypothèse que le titre évoque la personnalité non stéréotypée de la fillette. Dans cette étude, je tenterai de cerner les ressemblances et les divergences existant entre l’œuvre de Tremblay et Jolin et le conte Ali Baba et les quarante voleurs. Pour ce faire, je ferai successivement appel à la structure générale du conte et aux fonctions de l’intertextualité établies par Vincent Jouve (1997). Mais avant de procéder à l’analyse, quelques précisions sur l’intertexte s’imposent.

1.1 Ali Baba et les quarante voleurs

Ce conte est issu du recueil Les Mille et une nuits. Les nombreux textes réunis sous ce titre sont très anciens et viennent de plusieurs pays d’Orient. Les Mille et une nuits connaissent un grand succès dans l’Europe du dix-huitième siècle grâce à Antoine Galland qui, de 1704 à 1717, travaille à la traduction française de ces contes. C’est d’ailleurs Galland qui, à partir de manuscrits ne figurant pas dans les versions originales, introduit dans le recueil les contes de Sindbad, d’Aladin et d’Ali Baba.

Les Mille et une nuits ont pour pierre d’assise l’histoire de Shéhérazade (Shahrâzâd) qui ne cesse de raconter des histoires au Schahriar (Shâhriyâr), afin de sauver sa vie. Rusée, la jeune femme s’arrange pour que ses récits en génèrent d’autres, ce qui lui permet de ne jamais conclure ses histoires avant l’aube. Curieux de connaître la suite, le roi retarde constamment l’exécution de son épouse. Au terme de mille et une nuits de récits, Schahriar épargne la conteuse intarissable. L’histoire de Shéhérazade, qui constitue le contexte narratif, permet ainsi de juxtaposer des contes qui n’ont aucun lien entre eux et qui ont enrichi le contenu des Nuits de siècle en siècle.


Erste Seite (i) Vorherige Seite (29)Nächste Seite (31) Letzte Seite (91)      Suchen  Nur aktuelle Seite durchsuchen Gesamtes Dokument durchsuchen     Aktuelle Seite drucken Hilfe 
- 30 -Gervais, Flore; Noël-Gaudreault, Monique: Littérature de jeunesse et espaces identitaires