Les espaces communautaires chez Sylvain Trudel :
aspects sociaux et esthétiques
Claire Le Brun
Département d’études françaises
Université Concordia
Montréal (Québec)
lebrunc@alcor.concordia.ca
Résumé
Après une présentation de l’œuvre romanesque de Sylvain Trudel, destinée
alternativement aux adultes et aux jeunes enfants, l’étude se concentre sur
le traitement de l’espace dans les quinze récits qu’il a publiés aux éditions de
La courte échelle, dans la collection « Premier roman », entre 1995 et 2002.
Refusant l’habituelle formule de la série, l’auteur québécois propose dans
chaque roman des lieux et des personnages différents. Il apparaît que chez
Trudel, description et narration visent à réduire l’opposition privé-public en
proposant une diversité d’espaces communautaires, de la place de village à
la ruelle montréalaise. De façon récurrente, l’espace personnel de l’enfant
est destiné au partage et sa fenêtre s’ouvre sur le monde. L’analyse s’inspire
des travaux de Iouri Lotman sur l’espace artistique, des travaux de Philippe
Hamon sur la description et des travaux anthropologiques, dans le sillage
d’Arnold Van Gennep, sur l’espace privé et l’espace public.
En 1986, le jeune Sylvain Trudel fait une entrée remarquée dans le monde des lettres
avec Le souffle de l’harmattan. Finaliste au Prix du gouverneur général du Canada, le
roman remporte le prix Molson de l’Académie Canadienne-française en 1987 et le Prix
Canada-Suisse en 1988. Une dizaine d’années plus tard, Trudel publie un premier roman
pour jeunes lecteurs, Le monsieur qui se prenait pour l’hiver. Refusant la formule du
récit sériel si répandu dans le roman de première lecture, l’auteur va ajouter, avec une
quinzaine de récits échelonnés de 1995 à 2002, une voix très personnelle au
concert des auteurs québécois pour la jeunesse. Il se distingue par exemple en
choisissant des adultes comme personnages principaux dans des récits fantaisistes se
rapprochant du conte : Le monsieur qui se prenait pour l’hiver (1995), Le grenier de
Monsieur Basile (1997), L’ange de Monsieur Chose (1999).