- 52 -Gervais, Flore; Noël-Gaudreault, Monique: Littérature de jeunesse et espaces identitaires 
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paradigmatique émane de leur expérience imaginée, à laquelle ils donnent des identités textuelles à intérioriser aux jeunes lecteurs source. Que se passe-t-il lorsque ces espaces identitaires étrangers sont traduits dans des cultures cible dont l’« identité » construite des jeunes est éloignée des thèmes et des discours source? À y regarder de plus près, cette question se pose en fait à propos de l’ensemble des processus de traduction (quels que soient les textes à traduire) et recoupe l’essentiel de ce qui est en jeu en traduction. Pour tirer cet aspect au clair, nous envisagerons ici un cas typique de traduction, le traitement de l’œuvre de James Oliver Curwood en français, en relation avec la traduction des « récits de chiens » de Jack London, par les deux mêmes traducteurs qui ont travaillé en tandem à la traduction des deux œuvres, Paul Gruyer et Louis Postif. Nous présenterons nos hypothèses sur la « conversion » romanesque de James Oliver Curwood en l’évaluant dans ses rapports avec l’œuvre de Jack London.

The Wolf-Hunters (1908), Kazan (1914) et The Grizzly King (1916) ou la « conversion » de J. O. Curwood

L’œuvre romanesque publiée de James Oliver Curwood, qui s’étend de 1908 à 1929 (il meurt en 1927), a connu vers 1914 une réorientation thématique à 180 degrés. Une partie des récits qui ont précédé 1914 abordait le thème de la chasse. Puis, à partir de 1914, il n’est plus question de chasse, ni au loup, ni à l’ours, ni au grizzly, ni aux petits animaux. Au contraire, Curwood se fait le défenseur de la faune dans le Grand Nord. Ainsi, The Wolf-Hunters, dont la publication remonte à 1908, raconte la chasse aux loups, renards, visons, etc., effectuée pendant l’hiver par trois trappeurs, le vieil Indien Mukoki, le jeune métis Wabi et Rod, un ami américain de Wabi. Cette chasse est faite pour de l’argent : les peaux des animaux tués sont vendues à la compagnie de la Baie d’Hudson, qui tient une factorerie au poste de Wabinosh-House. Sur ces aventures de trappe se greffe une opposition farouche entre la tribu de Mukoki/Wabi et celle des Woongas. Les Woongas cherchent à se venger de ce que Minnetaki, jeune Indienne suprêmement belle, avait choisi d’épouser un jeune Anglais, John Newsome, au lieu du chef woonga. Les Woongas se mettent hors la loi en donnant libre cours pendant des décennies à leur ressentiment. Minnetaki mère donne naissance à Minnetaki et à Wabi. Dans le récit, Rod est amoureux de Minnetaki fille, laquelle est aussi belle que sa mère. Le récit se termine après trois mois de chasse par un retour à la factorerie. Rod retrouvera Minnetaki après un séjour à Chicago avec sa mère, car ils sont invités au printemps à rejoindre Wabi et Minnetaki à Wabinosh-House. Entre parenthèses, pendant la chasse, ils étaient tombés sur une cabane où se sont entretués des prospecteurs cinquante ans plus tôt, révélant l’emplacement d’un gisement d’or ; ce sera le récit The Gold Hunters, publié en 1909.

The Wolf-Hunters est un récit centré sur les personnages d’Indiens et d’Américains, personnages sympathiques, qui tuent pour gagner leur vie. Ils prennent


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