La légende et sa réinterprétation pour la jeunesse :
le cas de La chasse-galerie
Noëlle Sorin
Université du Québec à Trois-Rivières
Québec, Canada
Noelle.Sorin@uqtr.ca
Résumé
Les récits de chasse-galerie sont nombreux. Toutefois, ils exploitent tous
l’une ou l’autre des trois finalités du vol magique : pour la vie, vers
l’amour ou par la mort. Ceci détermine trois grands types narratifs
légendaires (Purkhardt, 1992). Ainsi, la célèbre chasse-galerie imaginée par
Honoré Beaugrand propose un récit de vol magique « vers l’amour ». Par
ailleurs, le récit légendaire est un conte dont le merveilleux est localisé
et le narrateur identifié au protagoniste (Ricard, 1979). La chasse-galerie
d’Honoré Beaugrand réalise bien ces deux conditions, et le souffle et
l’atmosphère du récit légendaire y sont parfaitement rendus. D’une part,
nous analyserons les récits de chasse-galerie québécois destinés à la jeunesse
(Marc Laberge, Bertrand Gauthier, Madeleine Chénard, Cécile Gagnon)
afin d’identifier de quel type de vol magique ils relèvent. D’autre part,
nous montrerons que la réinterprétation pour la jeunesse de cette légende
prolifique la fait passer du récit légendaire proprement dit au conte littéraire
où subsistent certaines données empruntées à la légende, mais où l’intention
de l’auteur diffère.
Introduction
Les récits québécois de chasse-galerie sont nombreux. Ce symbole fabuleux
et cette légende des plus populaires, qui a été immortalisée par un de nos
célèbres peintres, Henri Julien, en 1906 (peintre canadien, Québec, 1852–1908),
appartiennent à notre imaginaire collectif. Mais en même, cette légende du canot
volant déborde le temps et l’espace québécois en nous renvoyant à un discours
légendaire plus vaste, celui du vol magique, qui frappe l’imagination de tout
temps.