- 64 -Gervais, Flore; Noël-Gaudreault, Monique: Littérature de jeunesse et espaces identitaires 
  Erste Seite (i) Vorherige Seite (63)Nächste Seite (65) Letzte Seite (91)      Suchen  Nur aktuelle Seite durchsuchen Gesamtes Dokument durchsuchen     Aktuelle Seite drucken Hilfe 

Avec les quatre œuvres de notre corpus, d’une part nous explorerons comment vole la chasse-galerie dans le ciel imaginaire du Québec, mais aussi pourquoi. Ainsi, selon Purkhardt (1992), les récits de chasse-galerie exploitent tous l’une ou l’autre des trois finalités du vol magique : pour la vie, vers l’amour ou par la mort. Ceci détermine dès lors trois grands types narratifs légendaires. Ainsi, la célèbre chasse-galerie imaginée par Honoré Beaugrand propose un récit de vol magique « vers l’amour ». Cette chasse galerie telle que publiée par Beaugrand en 1900 est une légende d’origine française longtemps transmise par tradition orale. « Une histoire des plus optimistes puisqu’elle loue la transgression et exalte la liberté » dira Purkhardt (1992, p. 52).

D’autre part, nous montrerons que la réinterprétation pour la jeunesse de cette légende prolifique la fait passer du récit légendaire proprement dit au conte merveilleux (dans le sens de Simonsen, 1981) où subsistent certaines données empruntées à la légende, mais où l’intention de l’auteur diffère ainsi que le rôle du protagoniste.

L’idéal serait que chaque lecteur lise les quatre récits en question pour mieux orienter sa réflexion dans ce parcours que nous proposons ici au sein des diverses interprétations qui ont été faites de la chasse-galerie. Mais, soyons réalistes…

La symbolique du vol magique

1

1Nous empruntons ici l’expression de « vol magique » à Brigitte Purkhardt (1992), qui l’a elle-même, de son propre aveu, empruntée à Mircea Éliade.

Le vol magique, d’hier ou d’aujourd’hui, qu’il soit ailé ou botté, à cheval, en char ou en canot, en tapis volant, en lac volant ou en soucoupe volante2

2Phébus, le Petit Poucet, Sindbâd.
, a toujours fasciné l’imaginaire populaire. Qui plus est, selon Purkhardt (1992, p. 49), « que ce soit pour la vie, vers l’amour ou par la mort, les héros du vol magique semblent possédés par les mêmes forces et leurs périples volontiers se confondent dans la fiction narrative de tous les peuples et de tous les temps ».

Au plan narratif, des circonstances fixes sont attachées au vol magique. En effet, « dans les récits de chasse-galerie, le vol magique s’effectue presque toujours dans le cadre d’un voyage dicté par des forces majeures » (Purkhardt, p. 68). Le voyage suppose donc un éloignement préalable. Par ailleurs, « il implique aussi un but intrinsèque que sous-tendent soit un interdit à vaincre, soit un désir ou un ordre à réaliser. Il s’accomplit enfin de manière exceptionnelle, par voie aérienne et grâce à un recours magique » (p. 68). On reconnaît là les trois premières fonctions proppiennes : « L’éloignement. L’interdiction ou sa forme inversée (l’ordre ou le besoin). Et la transgression ou sa contrepartie (l’ordre exécuté ou le besoin satisfait) » (p. 68). Par contre, l’objet de la quête diffère, le motif pour prendre le large, également. Par conséquent, si on table sur les particularités des trois constantes que sont l’éloignement, l’interdiction et la transgression et si on regroupe sous une même étiquette les textes dans lesquels ces constantes présentent des attributs analogues, il est possible d’établir un véritable répertoire narratif de la chasse-galerie. Nous retiendrons ici le classement de Purkhardt : le vol magique pour la vie, le vol magique vers l’amour et le vol magique par la mort.


Erste Seite (i) Vorherige Seite (63)Nächste Seite (65) Letzte Seite (91)      Suchen  Nur aktuelle Seite durchsuchen Gesamtes Dokument durchsuchen     Aktuelle Seite drucken Hilfe 
- 64 -Gervais, Flore; Noël-Gaudreault, Monique: Littérature de jeunesse et espaces identitaires