- 72 -Gervais, Flore; Noël-Gaudreault, Monique: Littérature de jeunesse et espaces identitaires 
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En les comparant avec la version écrite initiale , nous verrons dans quelle mesure les réécritures de ce récit constituent des ruptures ou s’inscrivent dans la continuité, et nous tenterons de formuler quelques hypothèses quant au genre littéraire illustré et aux finalités poursuivies.

Noyau commun, longueur et structure

Rose Latulipe adore danser. Pour répondre à son voeu le plus cher, son père organise une grande fête , le soir du mardi gras, en lui faisant promettre d’arrêter de danser à minuit, quand commencera le mercredi des Cendres, qui marque le début du Carême2

2Le mardi gras est le dernier jour où les chrétiens pouvaient manger « gras », par rapport aux quarante jours suivants qui précédaient Pâques et commençaient par le mercredi des Cendres, début du Carême. Viande, vin et divertissements y étaient interdits.
. Au cours de la soirée, un bel étranger vêtu de noir se présente et danse longtemps avec Rose, même lorsqu’il est passé minuit. Par un baiser, le diable scelle leur union, ce qui mène la jeune fille à sa perte…

Ces trois textes comptent respectivement 1200 mots (CG), 1500 mots pour RS et 2800 pour PADG. Notons d’abord une différence majeure dans la structure du texte originel : L’étranger fait l’objet d’un récit dans le récit : le narrateur , un voyageur surpris par la nuit, demande l’hospitalité à un couple dont la jeune fille se prépare à aller au bal. Le père de celle-ci lui fait promettre de ne pas danser le mercredi des Cendres : « Tu sais ce qui est arrivé à Rose Latulipe », lui dit-il. Une fois la jeune personne partie avec son fiancé, le voyageur, intrigué, demande à son hôte ce qu’il a à craindre pour sa fille.

Si l’on enlève ce préambule explicatif qui constitue le tiers du récit de PADG, on observe un léger abrègement des deux textes contemporains. Qu’en est-il de la structure?

La grille des 31 fonctions du conte dégagées par Propp (1970) permet d’ effectuer le découpage suivant : 1) interdiction : l’Église, par la bouche du père, ne veut pas que l’on danse le mercredi des Cendres ; 2) rappel de l’interdiction ; 3) transgression à cause du diable ; 4) tromperie : le diable prend les traits d’un beau danseur pour s’approprier l’âme de Rose Latulipe ; 5) médiation : annonce faite au curé de la menace de méfait) ; 6) combat entre le diable et le curé ; 7) victoire de l’homme d’église qui sauve la jeune fille, auteure de la transgression ; 8) « noces » de Rose avec Dieu (couvent). Cependant, pour les deux versions les plus récentes, il faut remplacer les points 5 à 8 : aucune médiation, une « complicité involontaire », celle de Rose, qui est vaincue par le diable ; et le « méfait » qui s’ensuit (vieillissement irréversible).

Réécritures, mythes, légendes et contes

Avant de poursuivre, la nécessité de quelques définitions s’impose. Pour Genette (1982), les réécritures ou transformations de n’importe quel récit relèvent, à leur façon, du « bricolage », de l’art de faire du neuf avec du vieux (p. 451). Cette vieille histoire édifiante de diable qui séduit et abandonne une jeune fille folle de danse, est-ce un mythe, une légende, un conte?


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