- 82 -Gervais, Flore; Noël-Gaudreault, Monique: Littérature de jeunesse et espaces identitaires 
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Dans un premier temps, nous comparerons les CG aux MN selon leurs aspects extérieurs, puis selon leurs aspects structuraux et thématiques. Dans un deuxième temps, nous présenterons les différents modes de réécriture utilisés dans les deux recueils. Dans un troisième temps, nous comparerons la place qu’occupe la musique et le rôle qu’elle joue dans chacun des recueils afin de déterminer les modes de réécriture utilisés pour nommer les instruments de musique.

1. Comparaison générale des contes

1.1 Aspects extérieurs

Les deux recueils de contes sont de taille comparable : dans les éditions choisies ici, les CG couvrent en tout environ 1000 pages, et les MN, un peu moins de 1400. Cependant, les contes de Grimm sont plus courts et plus nombreux (212 contre 601

1Ces chiffres correspondent à la division proposée par la table des matières de chacun des recueils. À cause du mode d’organisation non linéaire des contes des MN, il est difficile de déterminer le nombre de contes avec précision. Cependant, cet ordre de grandeur – surtout en comparaison avec l’autre recueil – est tout à fait valide.
pour les MN).

1.2 Aspects structuraux

Le mode d’organisation des CG forment des entités fermées et autosuffisantes présentées les unes après les autres, sans souci apparent de structure, alors que les contes orientaux s’emboîtent les uns dans les autres, comme s’ils étaient reliés dans une trame continue, géographiquement située avec précision, et pleine de rebondissements. La princesse Schéhérazade y raconte à son mari des histoires dans lesquelles certains personnages rapportent eux-mêmes des récits d’aventures. Ce principe narratif de « poupées russes », la mise en abyme du récit, s’avère davantage le propre des contes orientaux et ne serait pas d’origine arabe mais indienne, comme le signale Galland dans sa préface des MN (vol. 1, p. 7–8).

Quant à la conclusion des contes, chez Grimm, on observe une tendance à la laisser ouverte, telle une fenêtre temporelle à travers laquelle le lecteur peut « voir » la scène. En effet, l’auteur fait appel soit au passé récent du conteur : « C’est ainsi ; et celui qui l’a raconté en a encore les lèvres chaudes » (Grimm, vol. 2, Prince et princesse, enfants de roi, p. 153), soit au présent du lecteur : « Et c’est ainsi qu’il reste, au bout de la tige, un épi comme vous pouvez le voir encore aujourd’hui » (Grimm, vol. 2, L’épi de blé, p. 475), soit encore au futur des héros : « se faisant venir autant d’argent qu’ils en voulaient pour vivre heureux et satisfaits jusqu’à la fin de leurs jours » (Grimm, vol. 2, Le diable et sa grand-mère, p. 207). Or, la fin des contes des MN est toujours fermée, et souvent abrupte. Ainsi, L’histoire de Noureddin, qui compte quelque 50 pages, se termine sur les mots suivants : « Pour ce qui est du roi de Balsora, le calife se contenta de lui avoir fait connaître combien il devait être attentif au choix qu’il faisait des vizirs, et le renvoya dans son royaume » (MN, vol 2, p. 309). Une fois les derniers détails racontés, le narrateur ferme non seulement la fenêtre sur la dernière scène, mais en rabat les volets, laissant peu de place à l’imaginaire2

2L’une des raisons de cette différence pourrait être liée au fait qu’alors que les MN ont été transmis par écrit depuis au moins le 9e siècle
(http://www.univ-tours.fr/arabe/statut_du_recueil.htm, 30-06-06), les frères Grimm ont de toute évidence voulu préserver l’oralité des conteurs. Or, c’est le présent de ces conteurs aujourd’hui disparus qui, s’ajoutant à la trame narrative des contes, ajoute une dimension inattendue à l’ensemble.
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